Merveilleux manuscrit pour un mariage magique!

Déferlante de piafs au petit dèj'. La routine, et gare à celui qui ne protègera pas sa tartine des plumes volantes.

Ce n'est d'ailleurs pas dans ma tartine que ça tomba, mais la tête la première dans mon bol de thé. Ça, c'était Léro, l'antique Moyen-Duc borgne et chauve de l'oncle Samy. N'empêche que le thé noir épais comme une soupe de pois, et bien brûlant, ça l'a requinqué direct, le volatile. Bon il avait un peu aspergé la tablée en s'ébrouant, mais c'était la preuve qu'il n'avait pas cané.

Déplumé, borgne, et maintenant boîteux, il me tendit la patte et chut du haut du peu de dignité qui lui restait. Je le ramassais dans mon giron, et détachais le courrier. Je lus pendant qu'il s'envoyait ma tartine dans le gosier.

L'oncle Samy a écrit:

Chère nièce Leniffleur, tu es conviée au mariage d'Ernest et de sa fiancée Miss Sertête, Serpette, Serfouette ou quelque chose dans le genre-là. La grand-mère Marion est trop occupée avec les préparatifs pour écrire les invitations alors c'est moi qui m'y colle. Tu parles, c'est à chaque mariage la même chose, le despote se transforme en dragon. Répond vite. Oncle Samy.

Yeah, il n'avait même pas écrit quand était sensé se dérouler le mariage. Pratique. Je levais les yeux de la lettre et surpris les visages hilares de mes voisins. Tu m'étonnes, Léro était là dans mes bras à roucouler comme un bienheureux, et plus une miette de ma tartine.

- J'ai un cousin qui se marie.

- Lequel Léni, un Leniffleur ?

- Oui, et un assez vieux. Le fils de l'ainé de mes oncles. Il s'appelle Ernest, et comment il a fait pour se trouver une fiancée, ça...

- Faut bien Léni, faut bien. Même les irréductibles finissent par craquer.

- Ouaip. Mais quand même, il faut se le farcir !

- Qui sait, elle est peut-être pire... D'ailleurs, c'est qui la future épouse ?

Je repris la lettre.

- Au choix, Serpette, Sertête, Serfouette...

- Serket ? Comme le petit Arthur ?

- Va pour Serket ! Mais faudrait lui demander.

- Pas la peine de bouger Léni, il s'amène.

Effectivement, en regardant le groupe que me désignait mon camarade, je pus voir le jeune rouquin se diriger vers nous. Je me tournais tout à fait, à califourchon sur le banc. J'attendis qu'il se soit suffisamment rapproché pour ne pas avoir à crier par dessus le boucan matinal de la Grande Salle.

- Salut Arthur ! J'ai eu vent d'une grande nouvelle ! Une Serket, c'est bien ta famille ça ? Enfin bref, une Serket s'est suffisamment amourachée d'un Leniffleur pour le marier. Ça va se passer au vieux manoir, et je suis invitée. Tu es au courant de quelque chose ?

Pourquoi cet air intimidé ?

- Le vieux manoir, c'est la maison des Leniffleur depuis des lustres. On y grandit tous entre deux séjours chez nos parents. Ça devrait te plaire, jeune Pouffiwan.

Je réfléchis un instant.

- Avant les vacances, tu dis ? Outch. Pas sûr qu'on me laisse sortir, j'ai beaucoup de travail pour maintenir mon niveau en sortilège. Quoique, au pire, la directrice pourrait avoir affaire à ma grand-mère...

Les points de suspension implicites déclenchèrent à nouveau l'hilarité chez mes voisins.

- Autant être fixée de suite. Tu as prévu quelque chose ce matin, ou tu as le temps de venir avec moi voir sa Majesté du Centaure ?

Léro s'était étendu de tout son long (et toute son envergure), repu, au beau milieu des pichets de jus de citrouille, des théières, des pots de confitures et des corbeilles.

- Prend encore un peu de thé avec nous. Je me refais une tartine.

Je pris (à nouveau) la plus grande tranche de pain dans une corbeille voisine, la beurrais d'une couche bien épaisse, et rajoutais dessus du miel, des amandes, et du fromage de chèvre émietté. Léro ouvrit un oeil, et je le menaçais du doigt.

- Nan nan nan toi. Je te vois venir. Celle-là, elle est pour moi.

L'oeil glauque se referma aussitôt.
Je savourais mon petit déjeuner, but d'une traite un bol de thé débarrassé de ses plumes, et me levais.

- Arthur, tu viens ?







hrp : répons tranquille ici, j'ouvre la suite demain, et on continuera là-bas.