Discussion entre filles

Aujourd'hui, 1er avril, c'était l'anniversaire d'oncle Georges. Dominique et moi lui avions envoyé un paquet de bonbons de chez Zonko. Même si c'était censé être un jour de fête, il était triste car ça lui rappelait son frère. Mamie Molly devait sans doute être avec lui pour le soutenir moralement. Je n'étais pas très douée pour ce genre de choses même si je détestais voir les personnes tristes. Je ne savais pas quel mot trouver pour redonner le sourire. En faites, j'étais même plus douée avec les étrangers qu'avec ma propre famille. Celle qui savait le mieux réconfortée était sans nulle doute Molly, ma cousine, qui avait hérité de notre grand-mère. La voilà qui arrivait justement.

Aujourd'hui, 1er avril, tout le monde s'amusait à faire des blagues. C'était parfois drôle et, naïve, je me faisais un peu avoir. N'ayant pas cours pendant une heure, ce qui était plutôt rare en 5ème année, je décidai d'aller voir ma cousine, Victoire.
Il fallait que je me rende à l'évidence : en 6 mois, je ne m'étais toujours pas fait plus d'amis que je le voulais. Pourtant, j'essayais de parler un peu plus, même si j'avais toujours du mal à aller vers les autres. Victoire était tout le contraire de moi. Les gens allaient naturellement vers elle, elle était sociale, parlait tout le monde et avait surtout confiance en elle. Ce qui n'était malheureusement pas mon cas. Et même si je n'avais pas l'habitude me confier à elle, ou même me confier du tout, si je voulais avancer, je devais lui demander conseil. Dominique m'avait confié en cours de Soins aux Créatures Magiques que sa soeur n'avait pas cours les deux dernières heures de la journée, elle devait peut-être être dans sa salle commune ou bien à la bibliothèque. Je donnais le mot de passe au tableau (j'avais vu Dominique le faire des centaines de fois) et entrai dans la Tour des Gryffondors. Il n'y avait que deux personnes, en l’occurrence deux filles assises autour d'une table. Elle devait avoir 12/13 ans, pas plus. Je me dirigeai vers elles et demandais :

- Bonjour, est-ce que vous savez où est Victoire Weasley ?

L'une d'elles releva la tête et m'indiqua d'un ton sec les dortoirs, comme si je la dérangeais dans un travail important. Je la remerciai malgré tout et montai les escaliers. Je vis que la porte des filles de 7ème année étaient ouvertes. Vic était assise sur son lit, en train de rêvasser. Je frappais à la porte et dis d'une petite voix, craignant la déranger :

- Salut... Je te dérange ?

N'ayant pas cours pendant deux longues heures, je devais trouver une occupation. Ce n'était pas ce qui manquait quand on était en 7ème année. Mais je n'avais pas envie de travailler pour l'instant et je voulais rêvasser un peu. Seamus finissait dans deux heures, peut-être que j'irai le retrouver ?
Assise sur mon lit, je n'entendis pas ma cousine approcher. Elle frappa doucement à la porte et je tournai la tête vers elle. La reconnaissant, je lui souris et tapotais le lit à côté de moi.

- Salut Momo, non bien sûr que non ! Il y a un problème ?

Molly était très discrète, comparée à nos autres cousins et cousines. Je ne lui parlais pas beaucoup, elle était souvent renfermée et ne se mêlait pas souvent aux discussions. Mais je l'appréciais tout autant que les autres car, quand on se retrouvait parfois toutes les deux, on s'ouvrait vraiment l'une à l'autre. La première fois qu'on s'était parlé, c'était quand j'avais 13 ans. Elle venait d'entrer en 1ère année. C'était à Noël et tout le monde faisait la fête. Mais j'étais triste car mon premier petit copain ne m'avait pas envoyé de cadeau pour l'occasion. Réaction tout à fait débile pour le coup mais je n'avais que 13 ans ! Teddy avait essayé de venir me parler, de me dire de sortir mais j'avais refusé. C'était Molly qui avait su trouver les mots justes, et on avait longuement parlé. Depuis, on se parlait de temps en temps, on s'ouvrait l'une à l'autre, confiant nos problèmes, nos peines, nos joies.
Lorsque la Poufsouffle s'assit à côté de moi, je lui souris pour l'encourager et passais un bras autour de ses épaules d'un geste protecteur.

- Dis moi tout, on t'a encore traité d'intello ? Tu veux que j'aille lui dire deux mots ? dis-je pour plaisanter.

Lorsque Victoire tourna la tête vers moi, elle me sourit et je fus tout de suite rassurée de voir que je ne la dérangeais pas. J'avais envie de parler, de me confier et savoir qu'elle ne me rejetait pas pour l'instant me mettait à l'aise. Bien sûr, je m'étais déjà confiée à ma cousine, même si je ne lui disais pas tout. Je ne lui demandais que quelques conseils de temps en temps. Mais j'avais toujours peur de faire tâche à côté de la "grande Victoire", que tout le monde aimait et trouvait mignonne.
Elle m'invita à m'asseoir à côté d'elle et je lui souris à mon tour en m'approchant du lit. Elle passa alors un bras autour de mes épaules et j'appuyais ma tête contre elle. J'étais peut-être la grande sœur de Lucy, mais on n'était pas aussi proche que je l'aurai voulu.

- Non.. Enfin je veux dire...

Je soupirai, ne sachant pas comment tourner les choses. Je voulais lui expliquer tout ce qui me pesait depuis le début de l'année, mes efforts, mais au lieu de prendre le temps de lui dire, j'explosais, ayant trop contenu mes sentiments pour moi :

- Victoire, j'en peux plus ! J'essaie de m'intégrer je te jure, j'essaie d'aller vers les autres, de parler.. J'ai... Je voudrais tellement être comme toi, ou même comme Dominique, vous arrivez à aller parler simplement aux autres, les autres ont envie de vous parler, et moi...

Sous l'émotion et surtout sous la colère, des larmes roulèrent sur mes joues. Je ne pleurais que très souvent, et je n'étais pratiquement jamais en colère. Vic et ma mère devaient être les seules à m'avoir vu comme ça.

Molly semblait tourmentée. Normal je devrais dire. Elle ne se confiait pratiquement pas. Elle était toujours renfermée sur elle-même et n'avait pas de très bon rapport avec Lucy d'après ce que je savais. Soudain, elle explosa. Ce n'était pas la première fois que je la voyais dans ce état, mais cela me surprenait toujours. Elle qui pourtant était toujours si calme, si posée, si gentille. J'écoutais et enregistrais tout ce qu'elle me dit. Je comprenais. Molly n'avait pas la vie facile. Tout d'abord, c'était la fille de Percy. Percy ou l'oncle que j'appréciais le moins. Il était toujours si sérieux, si carré, si parfait. Pourtant Molly ne lui ressemblait pas beaucoup, si ce n'est qu'ils aimaient tous deux travailler et se donner à fond pour leurs études. Ils voulaient réussir. Mais Molly était aussi quelqu'un qui savait aimer, et apprécier les choses simples. Elle n'était pas très aimée de Lucy, car sa sœur pensait tout le temps être en concurrence avec elle. Mise à part sa mère, elle n'était pas très écoutée. Et nos cousins l'avaient trop réservée pour aller lui parler. Elle n'avait jamais joué comme nous, elle n'avait jamais partagé nos délires, et elle n'avait jamais fait de choses extraordinaires. Mais elle restait une fille attachante et attentionnée, et ne devait plus être une fille effacée. Je m'avançais vers elle et lui pris ses deux mains.

- Ecoute moi Molly, je comprends ce que tu ressens et je suis désolée... J'ai bien vu tous les efforts que tu faisais...

Oui et ? Le truc c'est que je ne pouvais pas faire grand chose pour Molly. Je ne pouvais pas forcer les gens à parler à ma cousine. Quoi que... Et si je l'amenais à une soirée ? Je resterais avec elle évidemment, et on tenterait de se faire des amis. Je me ramenais mon regard sur le visage de Molly. Elle me regardait intriguée, les larmes roulant toujours sur ses joues. Je la pris dans mes bras, la serrant bien fort contre moi.

- Je vais t'aider, d'accord ? Un de ces soirs, je t'emmènerai avec moi, et tu verras, ce sera la plus belle soirée de ta vie ! D'accord ?

Vic, surement prise de pitié devant mon état, prit mes deux mains et tenta de me consoler. Mais que pouvait-elle y faire, elle ? Elle était la fille la plus estimée de Poudlard et alors ? Ce n'était pas elle qui allait forcer les autres élèves à me parler. J'étais pas appréciée et elle ne pouvait rien y faire. Les larmes doublèrent sur mes joues et alors Vic me prit dans ses bras. Elle me proposa de m'emmener à une soirée où on irait toutes les deux. Elle était vraiment gentille de me proposer ça mais avec les larmes je ne réussis qu'à pousser un petit "Mmh".
On restait un petit moment dans les bras l'une de l'autre puis je me dégageais un peu. Vic me passa un mouchoir et je la remerciais. Heureusement qu'il n'y avait personne d'autre.

Dans les bras l'une de l'autre, j'essayais de la consoler comme je pouvais. Au bout d'un moment, ses pleurs cessèrent et je lui tendis alors un mouchoir pour elle.

- Allez, ne pleure plus, ça va aller maintenant, tu peux compter sur moi ! Un de ces soirs promis, on s'amusera un peu toutes les deux, on ira dans Londres, discrètement, dis-je pour l'amuser.

Je regardais ma montre.

- L'heure tourne, et je veux aller à la bibliothèque ! Tu as besoin de quelque chose ?

Vic voulait bouger, et d'après ses dires, aller à la bibliothèque. Je ne voulais pas plus la retenir et dis alors, avec un sourire pour lui montrer que tout allait bien, ou du moins que ça allait mieux :

- Non non, c'est bon, merci beaucoup !

Je me levais de son lit et me dirigeais vers la porte.

- Au faites, tous mes vœux de bonheur avec Seamus !

Je n'avais pas pensé à lui souhaiter et même si je n'étais pas très sociable, les rumeurs allaient bon train, aussi avais-je appris comme ça que ma cousine et le Serpentard s'étaient finalement mis ensemble. Avant de partir, j'ajoutais :

- Oh et, il est venu nous voir au bal de la Saint-Valentin pendant que tu étais sur scène, il nous a un peu parlé mais je crois qu'il voulait faire un peu connaissance... Il a l'air sympa !

La sonnerie retentit et je fis un petit signe de main à ma cousine avant de descendre quatre à quatre les escaliers, prête à rejoindre mon cours de Défenses contre les Forces du Mal.