Douce discussion

Les vacances se passaient bien pour moi, j'étais bien heureuse de ne pas avoir été obligée de rentrer chez moi. Bien que j'aimais New-York, être loin de mes parents et de toute obligation était un avantage non négligeable. Je n'avais pas dormis à l'appartement depuis quatre jours, avec Mahé on n'y passait que pour prendre une douche et nous changer, et on repartait faire la fête avec sorciers ou moldus selon les rencontres. Je voyais bien que Mahé n'était pas emballée, mais elle ne disait rien, j'en déduisait donc qu'elle s'en foutait.

Pourtant, elles avaient reçu un hibou de leur parents leur indiquant que ceux de Zach les avaient mis au courant du fait que leur fils aille régulièrement voir sa cousine, et futur mariée, et qu'ils souhaitaient qu'elles aillent lui rendre visite au moins une fois.
A contre coeur, les deux jeunes filles avaient accepté et les voilà donc chez les O'colin.

Alors que Zach et Mahé était partit faire le tour du propriétaire je me retrouvais face à la Gryffondor. Je n'avais rien contre elle, à vrai dire je ne m’intéressais pas à elle, je ne m'intéressais clairement pas à grand monde et encore moins aux Sang-Pur docile à deux doigts de se marier avec un quasi-inconnu.
Alors Elise était parfaitement le genre de pimbêche que j'évitais.

" Alors, les vacances se passent bien ?" demanda t-elle sans intérêt.

Visiblement elle n'était pas plus envieuse que moi de discuter ou de prétendre avoir une quelconque affinité. De toute façons je faisais rarement semblant.

"Super, on s'occupe comme on peut." répondis-je pas plus enthousiaste. Une lueur s'alluma dans mon regard, finalement on allait peut être s'amuser un peu, enfin moi en tout cas. Elle me tendait carrément la perche, et je ne résistais jamais à une occasion d'être un peu (un peu seulement ?) désagréable. Aussi je n'allais pas m'en priver. "Et toi ? Le mariage doit te prendre un temps fou, non ? La robe, le gâteau, les invitations, les demoiselles d'honneur. Tout ça. ! As tu eu le temps de connaître le nom de ton mari ?" lui demandais-je mauvaise avec un sourire d'une fausseté incomparable presque amusé.

En premier lieu, c'était le mariage forcé plutôt qu'elle que je critiquais, disons qu'elle était le bonus, le petit plaisir que je m'octroyais.
Je savais qu'Elise pouvait se montrer parfois tout aussi désagréable que moi, mais différemment, elle était froide et moi mauvaise. Et je désapprouvais ce mariage. Je ne m'en cachais pas devant elle, de toute façon qu'irait-elle faire ?

"Crache ton venin ailleurs June, ça n'a aucun effet sur moi."

J'explosais de rire. Chouette elle entrait dans la partie ! Je venais de trouver une copine de jeu.
Je penchais la tête avec un sourire condescendant (et faux, mon dieu ce qu'il est faux ce sourire !), plaqué sur les lèvres.

"Après tout je suis une bonne Serpentard, chez nous on est pas aussi docile que les chatons." répondis-je alors. "Et range moi ce regard hautain, si tu crois pouvoir m'impressionner c'est pas la peine de te fatiguer." ajoutais-je en levant les yeux au ciel.

Elle est si prévisible, si vide....

"Je devrais peut-être te retourner la question car, j'imagine facilement que si tes parents ne sont pas là, c'est peut-être pour organiser ton mariage. Ou bien peut-être qu'ils sont encore à la recherche du fiancé idéal pour toi...Il faut dire que tu n'es pas une fille facile et que tu ne dois pas avoir tant de prétendants que ça. Pauvre June, tu finiras peut-être vieille fille remarque !"

A nouveau je souris. C'est tout ce qu'elle avait ? Si elle espérait me faire du mal ou quoi que ce soit, elle pouvait aller se faire voir, ses paroles m'amusait plus qu'autre chose.

"Oulà le chaton sort les griffe !" me moquais-je de sa tentative minable de me rabaisser. "Va donc miauler tes sarcasmes à quelqu'un d'autres sa t'évitera la déception de constater que ce que tu dis ne m'importe pas."

Elle leva un sourcil.

"C'est bien là qu'est ton problème Elise, tu es docile, tu n'as rien dans le ventre, tu es vide. Désolée mais à t'écouter on croirait que la vie sans un homme te paraît impossible. Tu es formaté par tes parents, tu es un robot, ça me fous la haine tu ne peux pas savoir. En fait ça me fait plus pitié qu'autre chose. Peut être que je finirais seule, et alors ? Je finirais libre, parce que moi (j'insistais sur ce mot) j'aurais choisi de vivre comme je le veux et, moi, je ne me serais pas laisser marier avec le premier venu que mes parents aurait choisi pour moi." répondis-je d'un ton cinglant.

Au final ce n'était pas de la méchanceté, je lui avais dit les choses comme je les pensais. Je ne cherchais plus à la blesser, j'avais pris un ton sérieux et mon visage ne trahissait que le profond dégoût que j'éprouvais vis à vis de son mariage forcé. Tout cela allait bien au delà de quelques mesquineries entre filles qui ne s'apprécient guère. Et je savais que j'avais riason et que mes paroles feraient sans doute mouche car, de toute évidence, Mademoiselle O'colin n'était point enchantée par ce mariage.
Une vague de haine me traversa. J'attendais sa réponse, qu'elle réagisse, elle paraissait ne plus s'amuser du tout.