Quelle éducation!

Anastasia était arrivée à Poudlard pour la nouvelle année, début janvier. Ce n’était qu’un échange de six mois, elle rentrerait à Durmstrang  fin juin, et finirait ses études là-bas. Pourquoi avait-elle accepté déjà ? Ah oui, pour voir si Poudlard était si beau qu’elle l’avait toujours entendu et puis parce qu’elle n’avait pas vraiment eu le choix. Le Choixpeau l’avait envoyée à Serpentard pour les six prochains mois, et la jeune femme approuvait le choix de l’item magique. Bien que cette maison ait changé au cours des années, et accueille désormais des personnes de sang-pur ou non, elle restait celle qui comptait le plus de sang-pur dans ses rangs, ainsi que de personnes nobles. Enfin, nobles, c’est ce qu’on dit.
Anastasia détourna son regard des sixièmes années qui jouaient avec leur nourriture, à seulement quelques places de la sienne, et prit une bouchée des œufs brouillés qui étaient dans son assiette. Cela faisait déjà deux semaines qu’elle était là, elle s’était habituée à cette nourriture, mais regrettait sans cesse celle de Russie. Désormais, c’était du bacon, des œufs brouillés, du jus de citrouille, alors qu’en Russie, c’était une bouillie, une omelette ou des crêpes avec du thé ou du café et un sandwich. Ils seraient bien surpris, ces Anglais, si elle prenait un sandwich au repas du matin ! Anastasia éprouva soudain le besoin de boire un peu, mais elle était en bout de table et n’avait pas accès à la carafe d’eau. A côté d’elle se trouvait une jeune fille. Elle avait l’air d’avoir reçu une meilleure éducation que ces ostrogoths en face.

- Pourriez-vous me passer le pichet d’eau, s’il-vous-plaît ? demanda-t-elle à la jeune femme d’un ton las, son accent russe ressortant.

Elle jeta ensuite un regard noir aux sixièmes années, espérant qu’ils le sentiraient et se calmeraient. En attendant le pichet, elle laissa son regard errer et aperçu le préfet en chef. Elle l’avait déjà vu, déjà croisé à Durmstrang. Il avait l’air de se plaire ici, Anastasia se demandait comment il faisait.

La jeune fille posa sa tasse de thé pour passer le pichet à son aînée. Elle jeta au passage un regard noir aux sixièmes années, ce qui confirma la pensée qu'elle soit mieux élevée. Elle eu à peine le temps d'entrevoir la couleur améthyste des yeux de la jeune Serpentard que celle-ci avait déjà détourné le regard. Cela surprit légèrement Anastasia. Elle devait être timide.

- Merci miss, dit-elle en attrapant le carafe.

Elle se servit, bu une gorgée, puis reporta son regard sur sa voisine. Elle semblait venir d'une bonne famille. Peut-être serait-elle de bonne compagnie. De toute évidence, elle était plutôt solitaire, contrairement à la plupart des jeunes de son âge. Ceci attisa la curiosité de la Russe.

- Quel est votre nom miss? demanda-t-elle après un certain temps.

S'il s'avérait qu'elle venait d'une famille noble de sang-pur, elle pourrait peut-être apprécier sa compagnie de temps en temps et ne pas passer six mois en solitaire.

Anastasia observa calmement Irina tendre la main vers les biscuits, puis la ramener à elle, sans avoir pris un seul biscuit. Si elle garda un masque de mépris et d'indifférence parfait, elle fut intriguée par le nom de la jeune fille. Liddell, comme sa grand mère maternelle. Était-ce possible qu'elle soit de la même famille?

- Liddell, répéta-t-elle en chuchotant.

La Russe avala une bouchée d’œuf, but une gorgée d'eau, puis releva la tête vers Irina.

- Que font vos parents dans le monde magique? demanda-t-elle, espérant ainsi avoir une sorte de preuve qu'elle venait d'une grande famille.

La jeune Serpentard répondit plutôt sèchement, mais cela ne dérangea pas Anastasia. Ce qui la dérangea fut le sens de la phrase. Elle n'avait pas été élevée par ses parents. Qu'est-ce que cela voulait dire? Peut-être avait-elle simplement été élevée par ses grands-parents, ce n'était qu'une coïncidence. Oui, Anastasia essayait de fuir l'évidence même. Elle ne répondit rien, se contenta d'acquiescer. Lorsque la jeune fille s'énerva légèrement contre les trois garçons an face d'elles, Anastasia releva la tête. Elle souffla d'exaspération, et, n'y tenant plus, sortit sa baguette. Une liste de sortilèges plus ou moins désagréables défila dans son esprit, son choix s'arrêta sur l'un d'entre eux. Sans prévenir, un sort fusa par dessus la table. Celui-ci était plutôt gentil, pour commencer. Les cravates des trois Serpentard se resserrèrent, leurs chemises se remirent bien dans les pantalons, plus rien ne dépassait. Les airs surpris, voir choqués des sixièmes années arrachèrent un sourire satisfait à la Russe.

- Voilà qui est mieux, dit-elle en rangeant sa baguette. Maintenant, veuillez manger dans le calme, vous feriez honte à vos parents, ajouta-t-elle à l'adresse des agités, désormais plus calmes.

La jeune femme finit son assiette avant de se retourner vers sa jeune camarade.

- En quelle année êtes-vous? demanda-t-elle soudainement.

Le fait qu'elle soit seule l'intriguait. Si elle n'était qu'en première année, c'était compréhensible, elle n'avait tout simplement pas encore tissé de lien. Elle-même n'avait pas été très sociable au début de sa scolarité, elle pouvait donc aisément comprendre, mais elle avait vite trouver de la compagnie acceptable. Pas Hansen bien sûr, ni sa troupe d'ailleurs, mais d'autres gens.

Ainsi donc, Irina était en deuxième année. Elle était surement juste timide alors, ou réservée. Anastasia sentit l'hésitation chez la jeune fille, elle regarda la direction qu'elle lui donnait. La table des Serdaigle, une jeune fille aux cheveux bruns, solitaire, qui avait l'air perdu dans ses pensées.
Lorsque la Russe se retourna vers la Serpentard, ce fut pour la voir lancer un sort aux sixièmes années. Anastasia en perdit la parole. Elle n'avait rien vu venir, avait-elle pu être inattentive à ce point? Et puis, comment pouvait-elle savoir qu'il s'apprêtait à lancer un Cracbadaboum? Irina attendait une réponse, aussi Anastasia revint à la réalité pour la lui fournir.

- Je ne me suis pas présentée, je suis Anastasia Romanov, répondit-elle d'abord, reprenant contenance. Bien sûr, vous pouvez aller rejoindre votre amie, je n'y vois aucun inconvénient, ajouta-t-elle ensuite, toujours légèrement surprise de la vivacité de la jeune fille.

Elle resta encore un peu à table avant de se lever. Elle n'avait pas encore mémorisé l'emplacement de toutes les salles, il ne faudrait pas qu'elle soit en retard.

Je lock ^^ Merci :3