Je profitais de la lumière dorée d'une fin d'après-midi d'automne pour prendre un bain de soleil, assise sur le rebord d'une de nos fenêtres rondes grande ouverte. Un roman d'Hemingway (un auteur moldu), L'adieu aux armes, hérité de Clara, était posé sur mes genoux (et pour une fois, ma lecture était marquée par un marque-page, et non pas par un feuillet corné).
Un instant de paix, pour reposer mon esprit sans cesse en ébullition. Un instant de douceur, pour récupérer d'un entrainement intense. Un instant, enfin, en-dehors du trop plein de magie. Je retrouvais à ce moment-là le calme de la maison de Clara.
Mes parents avaient quitté leur logement après beaucoup de palabres, de doutes, et décidés d'habiter le petit cottage blanc. Ma mère avait failli vendre la maison de son enfance, et de la mienne, parce qu'ils avaient besoin d'argent pour financer leurs expéditions et leurs travaux. C'est un courrier de la Kerlouan qui l'avait décidée à ne pas commettre l'irréparable. Et il avait été écrit que j'hériterai à mon tour du cottage après maman. Les larmes me montaient aux yeux en repensant à ces années d'incertitude.
Un vent frais soufflait du nord-est, et malgré le ciel azur et le soleil éblouissant, il me fallait garder mon pull et mes chaussures. À l'intérieur, le lustre des boiseries de nos lits à baldaquins luisait dans le jour déclinant, les lits étaient faits, les grosses couettes en patchwork bien tirées. Aucune chaussure ne trainait au milieu de la pièce, aucune chaussette orpheline n'attendait sa soeur sur le coin d'un tiroir de commode. Ce n'était pas le fait des elfes de maison, mais dans nos habitudes de ranger nous-même notre dortoir.
Tout n'était certes pas parfait, des piles de livres et de revues dégoulinaient à nos chevets, les bouquets dans les vases tiraient parfois une drôle de tête quand nous les y oubliions trop longtemps, nous avions déménager une des tables de la salle commune pour les besoins d'un de nos projets de maquette animée, il y avait donc des tâches de colle au sol, et les panières à linge sales étaient plus que prêtes à être descendues dans la salle commune pour que les elfes les enlèvent. Le vivarium de Merry était vide, il devait faire sa tournée des plantes en pot de la salle co'.
Je n'était pas seule à prendre apprécier ce moment paisible. Je croisais le regard de ma camarade, et lui souris.
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