J'ai vécu dans une maison victorienne que j'adore toujours autant. L'endroit est paisible et magique. Les bois qui l'entourent nous donne assez d'intimité et de silence. Ma mère Beth en avait de toute façon besoin. Il valait mieux être discret.
C'est une femme magnifique ma mère, que les années ont épargné, elle a toujours l'air d'avoir ses 20 ans. Elle m'a expliqué qu'elle s'était faite mordre par son petit ami de l'époque, c'était un vampire pacifiste qui n'avait jamais mordu personne d'humain avant elle. Elle souhaitait passer ses jours à ses côtés, folle d'amour. Mais quand il l'a mordu, il a changé et est devenu avide de sang frais humain. Il est devenu brutal avec ma mère, tout jeunement vampire. Peu de temps après il a été tué brutalement une nuit, des sorciers faisaient des battus régulières et décimaient des vampires par dizaine. Il y avait eu une recrudescence de mort tragique au sein des moldus par morsure de vampire au cours des derniers mois. Mon père, Franz, faisait partie de ces chasseurs ce soirs là, avec des gens du ministère. Il a trouvé ma mère inconsciente, blessée à terre dans la forêt, non loin de notre maison actuelle. Il a été incapable de lui faire du mal, elle était si belle et si paisible. Son corps était couvert de morsures, infligées par son petit ami.
Il l'a ramena chez lui, au sous sol, et lui donna les premiers soins, lui apporta de quoi boire. Il cacha tout ceci à tout le monde bien sûr. Ma mère avait quelque chose de particulier, une certaine maitrise sur son côté bestial. Elle s'acclimatait vite au mode de vie humaine que lui imposait mon père, malgré lui. Ils tombèrent amoureux, mais mirent du temps à se l'avouer. Mon père avait 24 ans quand il trouva ma mère, et ce n'est réellement que vers ses 27 ans qu'il eurent une relation sérieuse. Il décidèrent de construire la maison victorienne à l’abri des regards pour fonder leur foyer.
Aucun des deux pensaient pouvoir avoir des enfants, mais quand mon père eut 30 ans, ma mère tomba enceinte. Après plusieurs tests il s’avérait que la grossesse était viable, et 9 mois après je vins au monde. Avec la particularité d'avoir une âme humaine en moi.
La maison si vide et si froide devint une maison qui se remplissait de rire, de jeux et de lumière. J'étais, parait-il une enfant plutôt douce et calme, je n'ai jamais fait trop de bêtises, ni de magie qui dérape. Je n'ai jamais mordu personne, mais par précaution, mon père préférait me faire passer des examens toutes les semaines au Département des Mystères.
Mon père est quelqu'un de prévoyant, sérieux, jamais un rire de trop. C'est quelqu'un de perfectionniste et de prudent. A la maison, il n'y avait jamais un mot plus haut que l'autre. C'est quelqu'un de mystérieux qui ne parle pas pour rien dire.
Je l'ai toujours trouvé très dur, mais aussi très juste.
Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi je devais subir tous ces tests au Ministère de la Magie. De quoi avait-il si peur ?
J'étais pourtant cette enfant si adorable, qui passait son temps dehors à chasser les papillons, à faire pousser des fleurs, toujours souriante et polie.
Quand je n'étais pas dehors, j'étais dans ma chambre à étudier, et à rêver. Je passais des journées entières à m'imaginer à Poudlard, à me faire des amis que je n'avais pas le droit d'avoir à la maison.
"C'est trop dangereux Eve', tu pourrais leur faire du mal et ta mère pourrait être tenté...bientôt quand tu seras plus grande "Cette phrase était quotidienne. Je n'avais pas d'amis, je n'avais pas le droit d'aller en ville. Je n'avais pas le droit de tomber amoureuse. Dès que le fils d'un ami à mes parents venait à la maison, et que j'avais le malheur de dire à mon père que je l'aimais bien ou que je le trouvais beau, j'étais sans cesse recadrée.
"Tu n'es pas comme tout le monde Eve', tu dois être prudente, l'amour n'est pas une priorité, et tu dois préserver les gens de ta particularité, on ne sait pas si tu peux te lier ainsi à quelqu'un"Mais pourquoi ? C'était tellement injuste, mon père avait eu un enfant avec un vampire, comment pouvait-il douter de ma chance d'avoir un jour quelqu'un. Il ne faisait que me dire que pour ma mère c'était différent, qu'elle était spéciale. Ce qui sous entendait que je n'étais rien de tout cela. Nos rapports étaient parfois distant et froid. J'avais cette sensation d'être prisonnière de ma propre famille et de ne pas diriger ma vie. J'ai fini par être persuadée que personne pouvait m'aimer et que je ne pouvais aimer personne. Pour autant, j'ai toujours aimé mes parents. Les moldus appellent ça le syndrome de Stockholm.
Je passais aussi beaucoup de temps en cuisine. Ma mère ne cuisinait pas, donc dès que j'en ai eu l'âge, et à l'aide de la magie, je faisais des plats pour mon père et moi. Je concoctais aussi des potions pour prendre soin de mes cheveux et de mon corps. Je tournais souvent en rond chez moi. L’ennui était ma meilleure amie. Quand je le pouvais j'allais dans les bois autour de la maison et j'écoutais tout ce que mon ouïe de vampire me permettait d'entendre. Parfois les soirs de pleine lune, j'étais persuadée d'entendre des loups garou. Je les enviais beaucoup, ne devoir subir qu'une transformation quand la lune était bien ronde, et avoir le reste du temps leur pleine capacité humaine. J'étais aussi prisonnière de ce vampire que je devais cloisonner aux entrainement au Ministère de la Magie. Je connaissais ma maison sur le bout des doigts, cependant il y avait une pièce où je ne pouvais pas entrer. Fermée par un sort puissant créé par mon père. Ma mère restait parfois devant cette porte, le regard vague et l'air triste, si il était possible qu'elle le soit. Elle se trouvait dans une aile de la maison qui m'était normalement interdite.
Je n'ai jamais pu y rentrer. Je ne sais pas ce qu'elle contient. J'ai toujours cru que c'était le bureau de mon père, qui ramenait du travail à la maison. Et comme c'est une langue de plomb, il était évident que je n'y ai pas accès. Cependant quelque chose m'attirait là dedans. J'avais cette sensation de pouvoir avoir des réponses à des questions que je n'ai jamais posé. Comme le fait de n'avoir aucun souvenir avant l'âge de 2 ans. C'est semble-t-il normal pour les sorciers, mais pour les sorciers à moitié vampire ça l'est moins. J'arrive à avoir accès à tous mes souvenirs petites, mais pas à ceux là. Au ministère on me dit que c'est certainement lié aux expériences que je subis quotidiennement. Que ma mémoire a disparu. Mais j'ai l'impression d'avoir été victime d'un sort d'oublis. Et bien sûr mes parents restent vagues, mais je vois bien dans le regard de mon père qu'il me cache quelque chose. Peut être qu'avant l'âge de 2 ans j'étais incontrôlable et que j'ai fais du mal à quelqu'un ? Ce qui expliquerait que je subisse tous ces tests ?
Ce que je sais à ce jour, c'est que je trouverais les réponses à ce puzzle manquant de ma vie. J'ai la sensation qu'à Poudlard je trouverais ce qu'il me manque. J'attends ce jour avec impatience. Car dans le reflet du miroir, je ne me sens pas entière, pas achevé.
***
Ma Mère. Ce qui nous lit est sans nul doute la magie, et ce qu'elle a fait naître en moi. Je suis une partie d'elle, alors je la comprends. Les vampires sont des êtres emmurés dans une enveloppe dépourvue de sentiment. Je sais qu'elle m'aime, mais pas de la manière que j'aurais voulu. Elle m'a pourtant protégé de nombreuse fois, elle m'a relevé à chaque chute, elle a essuyé mes larmes, elle a rattrapé mes sorts, elle m'a couverte devant mon père. Elle a aussi mis fin aux expériences au Ministère de la magie. Mais elle ne m'a jamais tenue la main, elle ne m'a jamais encerclé de ses bras, elle n'a jamais ressentit les peines qui brûlaient mon cœur. Je me suis fait à cette mère, car j'en ai qu'une, et qu'elle restera la meilleure partie de moi.
C'est pourquoi je n'ai pas trouvé surprenant quand elle a décidé de revenir aux côtés de Vladimir (un vampire Scandinave à la tête d'une petite armée, entrainer à détruire le groupuscule anti créatures magiques).
Elle n'a pas hésité une seconde à me quitter, mais je sais que c'est aussi un moyen pour elle de me protéger.
Mon père quant à lui, est un homme mystérieux, toute une vie à travailler au Département des Mystères, à cacher son métier, et sa propre famille. Petite je pensais être une ombre dans une nuit noire. Et être la fille d'une langue de plomb n'est pas évident au quotidien. Je ne sais rien de lui, mais j'ai toujours eu l'impression qu'il se battait contre lui même. C'était un homme aimant, mais dur et secret. Je soupçonne qu'il n'a jamais était véritablement sincère envers moi, pas une seule fois et qu'il y avait des choses à me dire, mais qu'il ne me dira jamais.
Rien d'étonnant non plus d'avoir appris qu'il n'était pas mon père. C'était un imposteur, toute ma vie il a joué un rôle. Celui d'un père. Il m'a toujours mis en tête que j'avais une force puissante en moi que je devais m'en cacher. Je n'ai jamais compris pourquoi je devais subir tous ces tests, pourquoi j'étais si dangereuse alors qu'il vivait au quotidien avec une créature entière, ma mère.
Aujourd'hui je comprends. Ma mère était sous contrôle, avec des sorts puissants, des sorts interdits.
Toutes les deux, on faisait l'objet d'une étude, dans le but de venir à bout de l'intégrité des créatures magiques, afin de supprimer notre liberté et de réduire nos rands.
Mon père fait partie de ce groupuscule secret, au sein du Ministère de la Magie, visant à tuer les hybrides.
Mon entrée à Poudlard a été une véritable libération, après avoir subi plus de 10 ans de tests et d'expériences en tout genre, j'étais enfin libérée. Enfin c'est ce que je croyais. J'ai vécu cloisonné, sans jamais vraiment être à l'aise, sans jamais être vraiment moi même. A l'école, j'étais loin de toute cette vie de cobaye, mais je ne pouvais toujours pas être moi même, je n'étais pas complète. Je errais sans but, j'avais peu d'ami car je restais discrète et absente. J'étais une élève studieuse, quand j’assistais au cours. Ce qui n'était pas toujours évident quand les jours où je manquais de sang, je m'enfermais au cachot en attendent le colis magique de mes parents.
Et puis un jour, tout à basculer. J'ai fais la connaissance d'Aiden.
L'amour de ma vie. Et mon destin s'est enfin écrit à l'encre blanche. Tout c'est accéléré, ma rencontre avec Carl Grant, un loup garou, et la connaissance de mon frère jumeau Samuel Hansen.
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